Allez hop, petite review, et pour changer, voici ce qu'il faut savoir en gros avant de passer aux détails.
Alan Wake est un excellent jeu qui remplit parfaitement son contrat: réussir à nus raconter une histoire intéressante, et nous plonger dans une super ambiance, sans pour autant laisser le joueur passif devant son écran.
Niveau gameplay, c'est un jeu d'action ce qu'il y a de plus basique: on avance, on strafe, on esquive, on bute. Là où ça devient un peu plus intéressant, c'est qu'avant de tuer les adversaires, des gens ou objets possédés par une force mystérieuse, il faut les illuminer. lampe torche, fusée de détresse, flashbang, projo qui traine, tout est bon pour ça. Les grosses sources de lumière ont aussi pour effet de repousser les ennemis, de quoi souffler un peu. À noter tout de même que viser les ennemis avec sa lampe torche consomme les piles, donc il faut savoir alterner correctement ses sources de lumière selon la situation sous peine de se retrouver à plat, et se faire paitriser par des ennemis qui sont d'ailleurs très agressifs.
Une fois débarrassés de leur manteau de ténèbres, on peut donc les shooter avec une des armes à disposition: revolver, ou fusil (pompe, chasse, ou 2 coups de campagnard). Ça semble peu, et c'est en effet peu car on ne peut transporter qu'un seul type de fusil, aux munitions très rares. On passera donc la plupart du temps à utiliser le flingue, ce qui renforce une impression de déjà-vu assez régulière. Mais les combats n'en sont pas chiants pour autant: certains combats sont assez corsés, et demanderont une bonne alternance des armes, ainsi que quelques réflexes bien sentis pour éviter les ennemis venant aux corps à corps, et les ustensiles envoyés par les paydaichs du fond.
Niveau technique, on va du mauvais à l'excellent: le mauvais, c'est la gueule d'Alice, la copine d'Alan (sérieux, WHAT'S WRONG WITH YOUR FACE?!), le moyen, ce sont les animations faciales en général, qui ont pas très bien suivi les standards, temps de développement qui traine oblige,; on notera aussi dans le moyen les décors diurnes. On a bien le droit à quelques effets bling-blin (bloom, hdr, tout ça), mais ça ne cache pas le peu d'efforts mis dans ces décors qu'on rencontre d'ailleurs peu souvent.
Par contre, les décors nocturnes, eux, sont excellents. Ils arrivent à sublimer chaque source de lumière, chaque ombre, afin de renforcer l'ambiance non pas effrayante, mais oppressante du jeu. Les nuages qui voilent le peu de lumière que propose la Lune, la brume épaisse, on se sentirait presque en forêt chez les consanguins américains. Tout ça, c'est pour renforcer l'ambiance du jeu.
On arrive donc aux points forts incontestables du jeu: l'ambiance, et l'histoire.
L'ambiance est gérée de main de maître. On sent que malgré les évènements étranges qui arrivent au personnage, la ville continue de vivre, sans trop se préoccuper de ce qui se passe, comme si c'était un autre fait divers: les gens discutent de tout et de rien, les émissions de radio sont diffusées tous les soirs et proposent d'en apprendre un peu sur l'activité locale (à savoir, rien d'intéressant si ce n'est la vie de tous les jours de bouseux), on peut mater le show TV nocturne local, un espèce d'
Au delà du réel encore plus kitsch (si si), et la principale préoccupation des habitants est le bon déroulement et l'organisation du festival du cerf qui approche.
Quant au scénario, il est très rythmé: le mauvais point, c'est qu'il est court (donc prévoir 7/8h de jeu, gros max) afin de ne pas devoir combler avec des séquences chiantes, mais au final, ça n'est pas trop grave, car on ne s'ennuie effectivement pas pendant tout le jeu. En plus d'être intéressant à suivre, le scénario est aussi très WTF et pourra en embrouiller plus d'un si on n'essaye pas de récupérer toutes les pages de manuscrit disséminées dans les niveaux, et qu'on ne fait pas attention aux dialogues hors-cutscenes qui semblent pourtant anodins. Les cutscenes sont d'ailleurs de très bonnes facture, rythmées, pas trop longues, juste ce qu'il faut pour intriguer le joueur. Un autre point fort du scénario, lié à son rythme, c'est son découpage: le jeu se présente sous la forme d'une série TV en 6 épisodes, chacun se terminant par un générique (tous excellents, d'ailleurs), et le suivant commençant par un "Previously, on Alan Wake..." . Ce découpage n'apporte pas grand chose en soi, mais il fonctionne comme si c'était une véritable série TV: les épisodes se terminent par des cinématiques très classes, qui débouchent sur un gros cliffhanger, et BIM: générique de fin. Pour peu qu'on ne fasse pas le jeu en mode autiste et qu'on s'intéresse à l'histoire, ça fait mouche, et on veut "voir" la suite.
C'est ce qui fait la force d'
Alan Wake: une ambiance béton, qui sert excellemment un scénario très rythmé et au découpage accrocheur, malgré un gameplay pas des plus affriolants qui pourrait laisser penser que le jeu serait ennuyeux. De plus, le jeu a beau être court, les joueurs intéressés par tout le côté secondaire du jeu (items cachés, émissions de radio/tv, pages du manuscrit) pourront doubler, voire tripler la durée de vie, et ceux qui veulent juste revivre l'expérience pourront le faire sans problème: le jeu cache plein de détails dont on ne comprendra le sens qu'une fois le jeu déjà fait,.
Le contrat est donc quasi rempli, on nous a promis un jeu cinématique intéressant à jouer, on l'a (un pied de nez bienvenue pour faire taire les fans d'
Heavy Rain). Que demander de plus? Une plus grosse durée de vie? Pour devoir se taper des passages chiants? Non, le scénar' est très bien comme ça